Les Calvaires

Quatre calvaires se remarquent le long des routes menant à Montquintin : La croix Dessus de Couvreux, celle du Déserteur, la croix des Mascarades et la croix du Parjure ou de Lamprez. 

La croix Dessus de Couvreux. A l’embranchement qui sépare les routes de Montquintin et de Couvreux, cette belle croix de fonte ouvragée de style néo-gothique date des environs de 1880. Elle permet d’imaginer le talent des illustres fondeurs de fer du pays gaumais. Elle fut récupérée du cimetière de Dampicourt un siècle plus tard pour être placée là par le cantonnier Walter ERRARD. Par tradition, les croix de carrefour protègent les voyageurs, remplaçant ainsi d’anciennes superstitions liée aux forces maléfiques. Elles servaient parfois d’étape durant la procession des Rogations (du latin rogare : prier). Jadis, le dimanche précédant l’Ascension, dans tous les pays catholiques, le curé guidait la population alentour du village pour bénir les cultures et favoriser les récoltes. Un calvaire identique se trouve au carrefour de La Pierre Jeanne, dans le village voisin de Villers-la-Loue.

La croix du Parjure. Au bas de la route menant à Rouvroy, se trouve un autel de pierre surmonté d’une croix de fonte noire, marquée d’un christ. On l’appelle aussi croix du Souvenir ou de Lamprez.  La légende rapporte : Au début des années 1800, au moment de la campagne de Russie, un habitant de Harnoncourt, résidant à Lamprez (lieu-dit à proximité) s’était engagé dans l’armée de Napoléon. Il promit d’ériger un monument s’il en revenait vivant. Il revint en effet sain et sauf, mais omit de tenir sa promesse. C’est alors qu’après sa mort, son fantôme revint harceler ses héritiers, les enjoignant d’accomplir la tâche du défunt. Croyant que leur père errait dans les tourments quelque part entre le Ciel et l’Enfer, ils comprirent que seule cette formalité lui fermait les portes du Paradis. Pris de crainte que le même sort ne leur advînt, ils finirent par céder, et élevèrent la croix.

En haut du chemin des Morts, soit la route allant à Lamorteau, se trouve l’embranchement d’un ancien chemin qui descendait à Ecouviez. C’est là que l’on peut discerner un monument en mauvais état et un peu informe : La Croix des Mascarades. La légende qui s’y rattache est affreuse : le jour de la Chandeleur, 12 jeunes gens de Montquintin se rendirent à un bal au lieu-dit «Les quatre-chemins». Lorsqu’ils prirent le chemin du retour, ils voulurent se compter et constatèrent qu’ils étaient treize. Malgré le recomptage, il était pourtant impossible de déterminer qui était de trop ; aussi pensèrent-ils que le diable s’était glissé parmi eux. Ils décidèrent donc de tirer au sort pour trouver le coupable et tuèrent celui qui fut ainsi désigné. Mais au moment de se compter, ils étaient toujours treize ! On répéta alors la sinistre opération, sans obtenir un autre résultat, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous aient été tués… !

Une autre version raconte que le bal des Quatre-Chemin avait été organisé par le diable lui-même aidé par des sorcières. Au retour, lorsqu’ils tuèrent l’un des treize, ils se recomptèrent et n’étaient plus que 11, sans parvenir à discerner lequel ils avaient occis !

 

On ne confondra pas cette croix, qui est en pierre du pays, avec une autre en granit, de type celtique, dressée à proximité, le long du chemin des Morts. Cette seconde croix provient sans doute d’un cimetière.

 

Un peu plus haut, au carrefour du « Chemin de la Messe », sentier qui redescend de Montquintin à Couvreux, se trouve la Croix du Déserteur dite aussi du « Haut des Termes ». Durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, notre pays resta neutre et posta des observateurs le long de la frontière avec la France, avec l’ordre de désarmer quiconque voudrait la franchir. Un déserteur, Français ou Prussien, nul ne le sait plus – fut tué par l’un d’eux alors qu’il cherchait à pénétrer en Belgique. C’est ce souvenir que rappelle cette croix en pierre érigée sur un autel. Un christ en fonte y fut fixé en 1950.