Le colombier, un privilège peu courant…
“ Il faut des tours élevées, faites tout exprès, bien enduites au dehors et garnies en dedans de nombreuses cellules, pour attirer, retenir et loger les pigeons. Car ils ont dans leurs qualités communes l’amour de la société, l’attachement à leurs semblables, la fidélité, la propreté, et le soin d’eux-mêmes qui suppose l’envie de plaire (…). Ne connaissant nulle humeur ni querelle, ils se partagent, mâle et femelle en quantités égales, les soins de leurs œufs et de leurs petits, mettant entre eux cette égalité dont dépend le bonheur de toute union durable… “. (BUFFON et LACEPEDE, Histoire naturelle).
Nul doute que tout ceci ait prévalu à sacraliser le pigeon dès l’époque romaine, pour en faire un symbole d’union et de paix, qui vient compléter les autres avantages que sont la facilité d’élevage, le sens de l’orientation, et la finesse de sa chair. Tous ces avantages en firent un met de choix ainsi qu’un auxiliaire précieux de la communication, qui devinrent l’apanage du seigneur à partir du 16ème siècle.
Dans la cour de la ferme castrale, le colombier de Montquintin est un robuste modèle circulaire que l’on dénomme « fuie », c’est-à-dire que les boulins – logettes destinées aux oiseaux – n’occupaient qu’une partie des parois intérieures. Le bâtiment possède en effet deux niveaux distincts : à la base, un local voûté en berceau et éclairé d’une fenêtre servait sans doute de poulailler ou de réserve. L’accès à l’étage nécessite une échelle ; de l’intérieur, il se fait par le biais d’une trappe percée dans le plafond. Mais l’étage est en outre doté d’une porte haute pour un accès par l’extérieur. Cette précaution, s’ajoutant à la présence d’un tore (boudin de pierre ceinturant tout l’édifice), permettait d’éviter l’intrusion des prédateurs, tels que chats, rongeurs, fouines, etc. C’est la présence de ce boudin qui permet précisément de faire remonter notre modèle au 16ème ou 17ème siècle. A ce niveau supérieur, les logettes devaient être faites de terre et de bois, car elles ont malheureusement disparu. Remarquons toutefois les deux ouvertures en pierre qui accueillaient les volatiles, et laissaient pénétrer l’air et la lumière. Elles pouvaient être closes par un volet. Ces plans d’envol sont idéalement orientés Sud-Est, à l’abri du vent, et face à la course du soleil.
Le pigeonnier seigneurial a toujours fière allure, mais son état mériterait lui aussi une attention soutenue. La voûte du rez-de-chaussée est endommagée, et deux ouvertures de l’étage sont bouchées. A l’extérieur, un contrefort est fragilisé par la présence d’arbres qui menacent sa stabilité, et l’élévation est aujourd’hui tronquée, puisque une toiture moderne « en sifflet » a été posée en lieu et place du cône d’ardoises qui devait jadis le sommer, à l’instar des tours du château. Hasard inesthétique mais efficace : du moins ces tôles protègent-elles les murs, tandis que la présence d’un appentis d’un côté et d’un hangar agricole de l’autre lui offrent deux points d’appui qui jouent sans doute un rôle utile de soutien.